Bruxelles, station de métro Beekkant, un vendredi soir autour de 21 heures. Jamal, personne non-binaire, maquillé·e, perruque sur la tête, file vers une soirée LGBTQIA+ dans le centre-ville. À ce moment-là, ce n’est pas un combat de boxe qui l’attend, mais une rafale de haine gratuite. Trois hommes le prennent pour cible, l’insultent, le suivent, le coincent, puis le rouent de coups, jusqu’à utiliser un casque de moto comme arme. Dans la panique, Jamal se retrouve au sol, visage explosé, corps tétanisé, mental dissocié. Comme certain·e·s débutants sur le ring, pris sous une avalanche de frappes, sauf que là, il n’y a pas d’arbitre pour arrêter le massacre.
Ce qui se joue ce soir-là dépasse largement un “simple fait divers”. C’est l’histoire d’un corps et d’une identité considérés comme une provocation par des lâches. C’est aussi le miroir d’une réalité belge qui dérange : en 2024, au moins 73 signalements de violences LGBTQIA+ sont remontés à RainbowHouse, et tout le monde sait que ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Les injures, les crachats, les menaces restent souvent dans l’ombre, faute de dépôts de plainte, de confiance, de force mentale pour affronter encore une fois le système. Pourtant, derrière les chiffres, il y a des visages, des dents fissurées, des nuits blanches, des trajets en métro faits avec la boule au ventre. Et il y a aussi une question qui cogne : comment on encaisse ça, et comment on revient dans l’arène après un tel choc ?
- Jamal est agressé à la station Beekkant par trois hommes qui le ciblent à cause de son expression de genre et de son apparence.
- Insultes, coups, casque de moto utilisé comme arme : l’agression dure plusieurs minutes, sous les yeux de témoins presque immobiles.
- Conséquences lourdes : points de suture, dent fissurée, douleurs au dos et à la tête, mais surtout trauma psychologique et peur de l’espace public.
- Contexte plus large : au moins 73 signalements de violences LGBTQIA+ en 2024 à Bruxelles selon RainbowHouse, avec une sous-déclaration massive.
- Enjeu légal : la transphobie et l’homophobie sont pénalement réprimées en Belgique, mais l’application et le suivi restent inégaux.
- Angle mental de combattant : comment reconstruire un mental après avoir été traité comme un sac de frappe, et comment la culture boxe peut inspirer la résistance.
Bruxelles : Jamal raconte son calvaire après une violente agression transphobe et homophobe dans le métro
Dans cette histoire, tout commence comme un vendredi banal de sortie. Jamal arrive à Beekkant pour changer de ligne, direction une soirée entre personnes LGBTQIA+, ambiance légère en perspective. Maquillage soigné, perruque, vernis, tenue assumée, comme on met ses gants préférés avant un bon sparring entre amis. Sauf qu’au lieu de croiser des alliés, Jamal tombe sur trois types qui voient dans son apparence un prétexte à défouloir. Ils lâchent un “sale pédé” sonore, se rapprochent, accélèrent, testent les limites, cherchent la faille. Jamal fait ce que beaucoup feraient : ignorer, mettre de la distance, éviter de mettre de l’huile sur le feu. Mais ces gars-là n’ont pas envie d’esquive, ils veulent frapper.
Sur le quai de la ligne 6, la tension grimpe. Un des agresseurs se colle à Jamal. Reflexe de survie : fouiller dans son sac, faire semblant d’attraper quelque chose, histoire de créer un doute. Les agresseurs paniquent une demi-seconde, s’imaginent un spray lacrymo, puis appellent leurs complices. Le métro arrive, dernier espoir : monter, fermer la porte, laisser la haine derrière soi. Mais un coup de pied dans le dos cloue Jamal sur place. La rame se bloque. Et là, c’est le déchaînement. Poings, pieds, coups répétés, puis un casque de moto transformé en arme improvisée qui fracasse le visage. La scène rappelle un sac de frappe qu’on cogne sans pitié, sauf que cette fois, le sac respire, saigne et vit la peur au ventre.
Selon Jamal, l’attaque dure environ cinq minutes. Cinq minutes, ça paraît court sur le chrono d’un round, mais quand chaque seconde est une étincelle dans le champ de vision, un coup de plus dans la mâchoire, une sensation de sortir de son propre corps, ça devient interminable. Jamal décrit une dissociation totale, comme si son esprit flottait en dehors de la scène, regardant quelqu’un d’autre se faire démolir à sa place. C’est exactement ce qui se produit parfois sur le ring chez les débutants qui encaissent trop fort, trop vite : le mental décroche pour survivre. Sauf qu’ici, il n’y a ni coach, ni gong, ni salle, juste un quai de métro et une foule figée.
Les blessures physiques parlent d’elles-mêmes : quatre points de suture, une dent fissurée, maux de tête, douleurs dorsales, fatigue extrême les jours suivants. Mais le plus brutal, c’est ce que cette agression fait au mental. Pendant deux jours, Jamal est sous sédatifs. Le corps est KO, l’esprit en brouillard. Quand des amis essaient de l’emmener respirer un peu, le trajet en métro devient un nouveau test d’endurance psychologique. Sans même y penser, Jamal cache ses mains, vernis dissimulé, peur instinctive de mettre une cible sur son dos une deuxième fois. Là, on n’est plus dans du simple stress : on parle de trauma, de sécurité brisée, de liberté amputée.
Autour, la question dérange beaucoup de monde : comment, dans une capitale européenne, dans un pays qui se targue de protéger les droits LGBTQIA+, on peut encore se faire tabasser pour une perruque et un peu de maquillage ? Certains diront que ce sont des cas isolés. Pourtant, quand une même ville voit se multiplier les agressions homophobes et transphobes, dans un bus, dans un bar, dans le métro, ça commence à faire système. Les couloirs de transport public se transforment en zones grises, où trop de monde baisse les yeux quand la violence éclate.
Face à ce constat, il est essentiel de poser la réalité noir sur blanc. Jamal n’est pas une exception. Sa soirée gâchée et son visage tuméfié racontent aussi l’histoire de tous ceux qui se demandent s’ils vont rentrer entiers quand ils assument leur identité dans la rue. Comme sur le ring, le premier pas pour progresser, c’est d’accepter de regarder la vérité bien en face, sans filtre.
| Élément clé de l’agression | Description | Impact sur Jamal |
|---|---|---|
| Lieu | Station de métro Beekkant, Molenbeek, changement de ligne | Sentiment de danger dans les transports en commun |
| Motivation des agresseurs | Insultes transphobes et homophobes, ciblage de l’apparence | Humiliation, sentiment d’être visé pour son identité |
| Arme utilisée | Casque de moto utilisé pour frapper au visage | Points de suture, dent abîmée, douleurs persistantes |
| Durée estimée | Environ cinq minutes d’agression continue | Dissociation, flashs, impression d’être un sac de frappe |
| Réaction du public | Intervention tardive d’un seul témoin | Sentiment d’abandon, perte de confiance dans les autres |
- Violence ciblée : l’attaque ne tombe pas par hasard, elle est déclenchée par l’expression de genre de Jamal.
- Climat de peur : les transports en commun deviennent un terrain miné pour les minorités sexuelles et de genre.
- Silence complice : l’absence de réaction massive du public renforce le sentiment d’isolement.

Un corps traité comme un sac de frappe : blessures physiques et mental brisé
Se faire démonter dans une salle de boxe et se faire frapper dans un métro, ce n’est pas la même histoire. Dans une salle, tu enfiles des gants, tu sais que ça va cogner, tu as signé pour ça. Dans un wagon bloqué, tu n’as rien demandé. Pourtant, le ressenti de Jamal pendant l’attaque ressemble à ce que vivent certains boxeurs sous un déluge de coups : plus de vision nette, juste des étincelles, le cerveau qui décroche, la sensation d’être réduit à un punching-ball. “Comme si j’étais un sac de boxe”, raconte Jamal. Cette phrase en dit long sur la déshumanisation qui accompagne chaque coup de casque, chaque insulte.
Physiquement, le bilan est lourd. Points de suture au visage, plaies ouvertes, hématomes, fissure dentaire, douleurs dans le dos et la tête. Comme après un combat trop violent, le corps hurle. Les muscles sont tendus, chaque mouvement rappelle ce qui s’est passé. À ça s’ajoutent les médocs : antidouleurs, sédatifs, tout ce qui anesthésie un peu le système nerveux, mais qui brouille aussi la réalité. Pendant deux jours, Jamal flotte, à moitié présent, à moitié absent. Quand on parle de violence transphobe et homophobe, on pense souvent aux mots, moins aux radios, aux injections, aux nuits sur un lit d’hôpital à fixer le plafond.
Le mental, lui, prend un autre type de KO. Avant l’agression, Jamal se rendait à une soirée pour souffler, pour être soi-même sans filtre. Après, le simple fait de sortir devient une épreuve. Le métro ? Zone rouge. Montrer ses ongles vernis ? Risque calculé. Rire trop fort, parler avec une voix un peu perçue comme “féminine” ou “pas assez virile” ? Potentielle cible. C’est là qu’on voit que la violence physique n’est que la première couche. Derrière, il y a la peur constante de “provoquer” quelqu’un simplement en existant.
Ce mécanisme, tous les fighters le connaissent sous une autre forme : après un gros KO, beaucoup hésitent à remonter sur le ring. Le corps se souvient. Le cerveau aussi. Chaque fois que tu engages un coup, tu as un flash du dernier qui t’a mis au sol. Pour Jamal, prendre le métro avec des signes visibles de non-conformité de genre, c’est comme revenir dans la même salle, face au même adversaire invisible. Sauf qu’ici, le choix est faussé : il ne s’agit pas de sport, mais de vie quotidienne. Renoncer à être visible, c’est renoncer à une partie de soi.
Le résultat, c’est une sorte d’hypervigilance permanente. Sur le quai, Jamal scrute les visages, évalue les risques, cache ses mains, ajuste ses vêtements. Côté cardio, c’est comme courir en fractionné en permanence : montée de tension à chaque fois qu’un inconnu le regarde trop longtemps, respiration accélérée, sueur froide. Ce n’est pas de la motivation sport, c’est de la survie. Le mental de boxeur, habituellement construit pour encaisser des rounds, se retrouve ici mobilisé pour simplement tenir debout dans l’espace public.
Pour ne pas se laisser engloutir, certaines stratégies s’imposent, comme un plan d’entraînement adapté après blessure :
- Consulter rapidement un médecin ou les urgences pour faire constater les coups et se faire soigner correctement.
- Documenter les blessures avec des photos, rapports médicaux, témoignages, comme on analyse un combat après coup.
- Parler à quelqu’un de confiance (ami, famille, association) pour ne pas rester seul avec les images en boucle.
- Limiter l’isolement en gardant des petites routines : marcher avec un proche, retourner progressivement dans certains lieux.
- Envisager un suivi psy pour reconstruire un mindset solide, comme une vraie préparation mentale de fighter.
Chaque action de ce type agit comme un mini-entrainement pour le mental, une façon de rappeler au cerveau qu’il existe encore des zones de sécurité, des alliés, des repères. La douleur ne disparaît pas d’un coup, mais elle trouve un cadre, un sens, un début de réponse. C’est ça, le vrai mental de boxeur : pas celui des punchlines Instagram, mais celui de ceux qui se relèvent avec un visage marqué et continuent à avancer.
| Type de blessure | Symptômes | Parallèle avec la boxe |
|---|---|---|
| Traumatismes faciaux | Points de suture, hématomes, dent fissurée | Équivalent d’un enchaînement de crochets mal défendus |
| Douleurs dorsales | Douleurs à la mobilité, tension musculaire | Comme une chute lourde sur le ring ou un mauvais amorti |
| État de choc | Dissociation, vision d’étincelles, confusion | Comparable à un KO technique où l’arbitre aurait dû arrêter |
| Anxiété post-agression | Peur de sortir, hypervigilance, insomnie | Ressemble à la peur de remonter sur le ring après un gros KO |
| Perte de confiance | Sentiment d’impuissance, honte, repli | Comme un boxeur qu’on a humilié en public lors d’un combat |
Au final, ce que vit Jamal montre une chose : quand un corps est traité comme un sac de frappe, c’est tout un être qu’on tente d’éteindre, et la reconstruction demande le même sérieux qu’une vraie préparation physique et mentale de haut niveau.
Violences transphobes et homophobes à Bruxelles : un contexte qui dépasse le cas de Jamal
L’histoire de Jamal n’arrive pas dans un vide. Elle s’inscrit dans un climat où les agressions transphobes et homophobes en Belgique, et particulièrement à Bruxelles, restent une réalité lourde. RainbowHouse, qui regroupe plusieurs associations LGBTQIA+, a recensé au moins 73 signalements de violences, discriminations et agressions en 2024 dans la région. Ce chiffre peut impressionner, mais il cache surtout une autre vérité : il est largement en dessous de la réalité. Beaucoup subissent des insultes ou des menaces sans jamais franchir la porte d’un commissariat ou même d’une association. Par fatigue, par peur, ou parce qu’ils et elles pensent que “ce n’est pas assez grave”.
Les données récoltées montrent aussi des constantes. Une bonne partie de ces violences se produit dans l’espace public : rue, transports en commun, parcs, sortie de bar. Autrement dit, là où tout le monde devrait pouvoir circuler sans jouer sa sécurité au dé. Et dans un cas sur trois, les auteurs sont des groupes d’hommes. En bande, l’effet meute démultiplie la lâcheté. Un peu comme ces sparrings déséquilibrés où plusieurs frappent un seul, scénario totalement proscrit dans une vraie salle de boxe digne de ce nom. Dans la rue, malheureusement, il n’y a ni règles ni respect obligatoire.
Autre point noir : la sous-déclaration. Une étude européenne récente rappelle que seules environ 14 % des victimes LGBTQIA+ agressées en Belgique osent pousser la porte d’un poste de police. Ça veut dire que pour chaque Jamal qui témoigne et porte plainte, plusieurs autres se taisent, encaissent, changent d’itinéraire, modifient leur manière de s’habiller, baissent la tête. Ce silence forcé a un prix mental énorme. Pour un boxeur, ce serait comme prendre un coup illégal, ne rien dire à l’arbitre, et continuer le combat en serrant les dents. Sauf qu’ici, le combat, c’est la vie quotidienne, et l’arbitre est parfois absent.
Les raisons de ce silence sont claires :
- Méconnaissance des procédures : beaucoup ignorent comment signaler une agression ou à qui s’adresser concrètement.
- Peur de ne pas être pris au sérieux : certains pensent que des insultes “seules” ne valent pas une plainte.
- Craintes face à la justice : sentiment que ça va prendre beaucoup de temps, d’énergie, sans résultat concret.
- Manque de confiance dans la police ou le parquet, peur d’être jugé, mal genré ou minimisé.
Dans ce contexte, l’agression de Jamal fait office de signal d’alarme supplémentaire. On ne parle pas d’un dérapage isolé, mais d’un symptôme d’un système qui laisse trop circuler la haine sans réel coût pour les agresseurs. Quand on voit aussi d’autres histoires circuler dans les médias bruxellois – influenceuse trans frappée dans un bar, couple agressé dans un bus, insultes homophobes à répétition – on commence à voir un pattern. Un peu comme ces séries de défaites qui montrent qu’un club de boxe a un vrai problème de préparation, pas juste un “mauvais soir”.
Face à ça, certaines réponses commencent à émerger : campagnes de sensibilisation, formations au sein des services de police, cellules spécialisées comme EVA (Emergency Victim Assistance). Mais les associations de terrain rappellent que ce n’est pas encore suffisant. Le vrai test, ce n’est pas l’existence d’un dispositif sur un document officiel. Le vrai test, c’est la façon dont une personne agressée est accueillie au commissariat, le temps de réaction pour identifier les agresseurs, le suivi réel jusqu’au parquet et éventuellement au tribunal.
Dans l’univers de la boxe, on sait qu’un système fiable se reconnaît à sa capacité à protéger les combattants : contrôles médicaux, encadrement, arbitrage strict. Sans ça, le sport vire au cirque dangereux. Pour l’espace public, c’est pareil : si les LGBTQIA+ ne se sentent pas protégés, le message envoyé est clair pour tout le monde, y compris les agresseurs. Et ce message, aujourd’hui, ressemble trop souvent à : “Tu peux frapper, il ne se passera probablement pas grand-chose”.
| Élément du contexte | Constat | Effet sur la communauté LGBTQIA+ |
|---|---|---|
| Nombre de signalements 2024 | Au moins 73 cas recensés par RainbowHouse à Bruxelles | Sensation de répétition des agressions, fatigue collective |
| Lieu des agressions | Un tiers dans l’espace public (rue, métro, bus, parcs) | Peurs liées aux déplacements quotidiens |
| Profil des agresseurs | Souvent des groupes d’hommes | Crainte particulière des bandes, des attroupements bruyants |
| Plaines déposées | Seulement environ 14 % des victimes agressées saisissent la police | Sentiment d’isolement, d’injustice, d’invisibilité |
| Perception des systèmes d’aide | Méconnaissance des recours et scepticisme sur l’efficacité | Moins de signalements, moins de pression pour faire évoluer les choses |
Ce décor général permet de comprendre que le cas de Jamal n’est pas juste un drame individuel, mais un round de plus dans un combat collectif pour le droit d’exister sans baisser la tête dans les rues de Bruxelles.
Lois, plaintes et réalité du terrain : quand la protection reste sur le papier
Sur le plan légal, la Belgique a une longueur d’avance sur pas mal de pays. Le caractère transphobe et homophobe d’une agression est reconnu comme circonstance aggravante par la loi. En théorie, ça devrait être simple : insulte ciblée, agression à cause de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre = délit, sanction, casier qui se noircit pour les auteurs. Dans le communiqué lié au cas de Jamal, RainbowHouse rappelle clairement que ce type de violence est punissable par la loi. Mais entre le texte et la réalité du quai de métro, il y a une distance qu’on ne peut plus ignorer.
Après l’agression, Jamal est emmené à l’hôpital, soigné, puis entendu par la police. Un procès-verbal est dressé, ce qui est un premier pas indispensable. Jamal a même réussi à filmer tant bien que mal ses agresseurs, malgré le choc et les coups. On pourrait croire que ces images seraient exploitées à fond pour remonter jusqu’aux auteurs. Pourtant, le ressenti de Jamal, c’est une forme de manque d’engagement dans la recherche de ces trois hommes. Ce sentiment, beaucoup de victimes le partagent : l’impression que le système administratif est plus lent que la violence, que la haine va plus vite que la justice.
Les associations, elles, réclament des choses très concrètes :
- Meilleur suivi des plaintes, y compris pour des insultes ou des crachats, souvent minimisés ou laissés de côté.
- Information plus claire sur le rôle et le fonctionnement des cellules EVA (Emergency Victim Assistance) de la police.
- Coordination renforcée entre police, parquet et associations pour éviter que des dossiers ne s’éteignent dans un tiroir.
- Formation continue des agents sur les réalités LGBTQIA+ pour éviter maladresses, mégenrages ou banalisation.
Dans une salle de boxe, si un coach laisse passer des coups illégaux, ne protège pas ses boxeurs, et que les arbitres ferment les yeux, la réputation de la salle s’écroule. Les combattants partent, les vrais ne viennent plus. Dans une ville, quand les victimes ont l’impression que porter plainte ne sert à rien, elles arrêtent de se manifester. Le résultat est le même : un système qui prétend protéger, mais qui, dans la pratique, laisse trop d’espace aux bourrins.
Pourtant, il existe des outils. Les cellules EVA, par exemple, sont censées offrir un point de contact privilégié pour les victimes, avec une approche plus humaine et spécialisée. Bien utilisées, elles peuvent faire la différence : accueil digne, écoute attentive, explication claire des étapes, contacts vers des associations partenaires, suivi régulier du dossier. C’est comme un coin dans le ring : quand tu rentres entre deux rounds, tu dois sentir qu’on te soutient, qu’on t’essuie le visage, qu’on t’aide à garder la tête froide. Si ton coin panique ou s’en fout, tu remontes au combat déjà perdant.
Le cadre légal punit aussi les discriminations dans l’espace public. Une insulte liée à l’identité de genre, un refus de service, un traitement différent à cause de l’expression de genre, tout ça peut, en principe, être poursuivi. Mais là encore, le nerf de la guerre, c’est la mise en pratique. Pour que la loi frappe aussi fort que promis, il faut :
- Que les victimes osent signaler, même “juste” pour une insulte.
- Que la police qualifie correctement les faits en ajoutant la dimension transphobe ou homophobe.
- Que le parquet accepte de poursuivre et ne classe pas systématiquement.
- Que les juges appliquent les circonstances aggravantes sans frilosité.
Pour Jamal, la frustration vient précisément du décalage entre les beaux discours sur l’égalité et ce qu’il ressent après avoir tout donné pour déposer plainte : fatigue, paperasse, incompréhension, et l’impression que ses agresseurs courent toujours. Du point de vue du mental, c’est un vrai test. Continuer à croire dans la valeur d’un système qui semble te laisser tomber, c’est comme continuer à croire en ton entraînement après plusieurs décisions arbitrales injustes. Ça demande une résilience énorme.
| Étape du parcours légal | Objectif | Risque actuel |
|---|---|---|
| Dépôt de plainte | Enregistrer officiellement les faits et le caractère transphobe/homophobe | Découragement, mauvaise qualification des faits, accueil froid |
| Instruction policière | Identifier et retrouver les agresseurs, exploiter les preuves | Lenteur, manque de moyens, priorisation insuffisante |
| Décision du parquet | Décider de poursuivre ou de classer sans suite | Risque de classement pour “faible gravité apparente” |
| Procès éventuel | Reconnaître officiellement la violence et sanctionner | Délais longs, fatigue mentale pour la victime |
| Suivi des victimes | Accompagner, informer, soutenir pendant et après la procédure | Solitude, manque de communication, rupture de confiance |
Pour que des histoires comme celle de Jamal ne se répètent pas, il ne suffit pas d’écrire de belles lois. Il faut que chaque maillon – police, justice, institutions, associations – se comporte comme une vraie équipe de coin autour d’un boxeur blessé : présente, réactive, déterminée à ne pas le laisser remonter seul contre la haine.
Retrouver un mental de combattant après une agression transphobe : leçons à tirer du ring
Quand on lit le récit de Jamal, une idée revient en boucle : comment on fait pour se relever après avoir été réduit à l’état de sac de boxe humain ? Pas question ici de romantiser la souffrance ou de sortir des phrases motivantes vides. La vraie question, c’est : comment reconstruire un mental de boxeur quand la violence vient du quotidien, pas d’un ring ? Les codes de la boxe peuvent aider à y voir plus clair, pas en mode “solution miracle”, mais comme grille de lecture solide.
Premier principe : reconnaître le choc. Dans une salle sérieuse, après un gros KO, on ne renvoie pas un boxeur directement au sparring le lendemain. On évalue, on laisse reposer, on consulte, on récupère. Pour une victime de violence transphobe, c’est pareil. Le corps et le cerveau ont pris cher. Vouloir “passer à autre chose” trop vite, faire comme si de rien n’était, c’est la meilleure façon de laisser le trauma s’installer en profondeur. Reconnaître la violence subie n’est pas un signe de faiblesse, c’est le début d’une reconstruction.
Deuxième principe : s’entourer de son coin. Aucun combattant ne gagne seul. Il y a toujours un coin, un coach, parfois un préparateur mental, une équipe. Pour Jamal, ce coin, ce sont les ami·e·s qui l’accompagnent, les associations comme RainbowHouse, les soignants, éventuellement un psy. Chacun joue un rôle différent : écouter, soutenir, orienter, défendre. Quand deux amis tentent de l’emmener refaire un tour en métro, ce n’est pas juste une sortie, c’est une première tentative pour reprendre le contrôle du terrain. Même si Jamal cache encore ses mains vernies, ce déplacement est déjà un round gagné contre la peur totale.
Troisième principe : revenir progressivement sur le ring, en dosant l’exposition. En boxe, après un arrêt, on commence par du shadow boxing, du travail au sac, des drills techniques, avant de retourner en sparring dur. Dans la vie, pour quelqu’un comme Jamal, ça peut passer par :
- Reprendre certains trajets avec des proches avant de les refaire seul·e.
- Choisir des horaires ou des lignes perçues comme plus sûres pour se remettre en mouvement.
- Réaffirmer progressivement son expression de genre (maquillage, vêtements, vernis) selon ce qu’il sent possible.
- Participer à des événements communautaires où le regard des autres est bienveillant.
Ce n’est pas une question de “courage ou pas courage”, mais de stratégie. Un boxeur intelligent ne fonce pas à l’aveugle dans la droite de son adversaire ; il étudie, ajuste, trouve les ouvertures. De la même façon, reconstruire un mindset sportif après un trauma, c’est accepter de prendre le temps, d’alterner phases d’action et phases de repos, de célébrer des petites victoires qui, pour les autres, paraissent anodines.
Quatrième principe : transformer la rage en carburant. La colère après une agression est légitime. Mais mal canalisée, elle se retourne contre soi : insomnie, pensées noires, envie de tout envoyer promener. Dans l’univers de la boxe anglaise, la rage brute ne suffit jamais. Il faut de la discipline, un plan, une direction. Pour Jamal et pour d’autres, ça peut passer par :
- S’engager dans des collectifs ou des actions de sensibilisation, pour que ce qui s’est passé serve aussi à protéger d’autres.
- Utiliser le sport – boxe, cardio, musculation – comme soupape et comme outil de réappropriation du corps.
- Écrire, témoigner, raconter, pour ne pas laisser l’agression définir leur identité entière.
Il ne s’agit pas de dire que tout le monde doit monter sur un ring. Mais la logique du fighter peut inspirer : tu prends un coup, tu tombes, tu restes un moment au sol, tu te fais soigner… puis, un jour, tu te relèves avec une idée simple : ce qui a failli te briser ne sera pas la dernière page de ton histoire.
| Principe de boxe | Application après une agression | Objectif mental |
|---|---|---|
| Reconnaître le KO | Admettre le choc, se reposer, consulter des pros | Éviter le déni, poser les bases de la guérison |
| Avoir un bon coin | S’entourer d’amis, d’assos, de soignants | Ne pas rester seul, retrouver du soutien |
| Revenir par étapes | Reprendre les trajets, les habitudes, à son rythme | Rendre l’espace public à nouveau praticable |
| Canaliser la rage | Sport, engagement, témoignage | Transformer la colère en moteur, pas en poison |
| Garder la discipline | Suivre un suivi psy, respecter ses limites, persévérer | Forger un mental de long terme, pas un coup d’éclat |
Ce chemin est long, parfois sale, jamais linéaire. Mais comme dans tout entraînement boxe, le progrès ne se voit pas toujours de l’extérieur. Il se mesure à l’intérieur, dans chaque pas fait hors de chez soi, dans chaque regard qu’on ose relever, dans chaque fois où l’on choisit de ne pas laisser la peur décider à notre place.
Que risque légalement un agresseur en cas d’agression transphobe ou homophobe à Bruxelles ?
En Belgique, une agression motivée par la transphobie ou l’homophobie est considérée comme une infraction aggravée. Cela signifie que les insultes ciblées, les menaces et les coups liés à l’orientation sexuelle réelle ou supposée, ou à l’identité/ expression de genre, peuvent entraîner des peines plus lourdes qu’une agression “classique”. En pratique, le juge peut alourdir la sanction (amende, peine de prison, sursis, obligations spécifiques), à condition que le caractère transphobe ou homophobe soit bien relevé dans la plainte, repris dans le dossier et retenu par le parquet puis le tribunal.
Comment une victime de violence LGBTQIA+ peut-elle porter plainte efficacement ?
Une victime peut se rendre dans n’importe quel commissariat pour déposer plainte. Pour renforcer le dossier, il est conseillé de : garder toutes les preuves (captures d’écran, vidéos, photos des blessures), noter les dates, lieux et témoins, mentionner clairement les insultes ou propos transphobes/homophobes, et préciser que l’agression est liée à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre. Il est également possible de se faire accompagner par une association comme RainbowHouse Bruxelles, qui peut préparer, soutenir et orienter la victime dans les démarches. Certaines zones disposent de cellules spécialisées comme EVA (Emergency Victim Assistance) pour un accueil plus adapté.
Une simple insulte transphobe ou homophobe justifie-t-elle un signalement ?
Oui. Une insulte visant une personne parce qu’elle est LGBTQIA+ ou perçue comme telle est déjà une violence. Même sans coup physique, cela peut constituer une infraction ou, au minimum, un fait discriminatoire signalable. Les associations et les services spécialisés encouragent à ne pas banaliser ces attaques verbales, car elles contribuent au climat de peur. Signaler ce type d’actes permet d’identifier des zones à risque, des auteurs récurrents et de nourrir des statistiques utiles pour faire évoluer les politiques de prévention et de sanction.
Comment reconstruire sa confiance après une agression comme celle de Jamal ?
La reconstruction se fait par étapes. D’abord, il est essentiel de prendre en charge les blessures physiques et psychologiques : consultation médicale, éventuel suivi psy, repos. Ensuite, s’entourer est crucial : amis, famille, groupes de parole, associations. Reprendre progressivement le contrôle de l’espace public – par exemple en refaisant certains trajets accompagné·e, puis seul·e – aide aussi à réduire la peur. Le sport, et notamment des disciplines comme la boxe ou le cardio, peut permettre de se réapproprier son corps, de décharger la tension et de reconstruire un sentiment de puissance personnelle. Rien n’oblige à aller vite : l’important, c’est d’avancer, même à petits pas.
Quel rôle peuvent jouer les témoins lors d’une agression transphobe ou homophobe ?
Les témoins ont un rôle clé. Ils peuvent intervenir directement si la situation le permet et s’ils se sentent en sécurité (par exemple, s’interposer à plusieurs, parler à la victime, montrer aux agresseurs qu’ils sont observés). Ils peuvent aussi appeler les secours ou la police immédiatement, filmer la scène pour garder des preuves et partager ensuite ces éléments avec la victime. Après les faits, témoigner auprès des autorités ou des associations renforce fortement la crédibilité du dossier. Même si l’on ne se sent pas capable d’agir physiquement, ne pas détourner le regard et proposer son aide après coup peut faire une énorme différence pour la personne agressée.
Source: www.rtbf.be


